Le blogue d'Isa

Michel Louvain devait se produire dans la salle Desjardins le 19 septembre prochain, lui qui avait déjà eu 5 supplémentaires au TVT pour l’un de ses spectacles précédents! Il avait déjà déclaré « le monde m’aime à Terrebonne ». Alors lorsqu’il a fallu appeler les détenteurs et détentrices de billets pour le remboursement, l’équipe de la billetterie a pris le temps de les écouter. Toutes et tous avaient quelque chose de touchant et de fort à raconter. Certaines personnes ont même refusé de se faire rembourser et ont demandé que le montant de leurs billets soit versé en dons à notre Cercle des champions de l’enfance. D’autres ont confirmé qu’ils donneraient eux-mêmes l’argent à des fondations hospitalières et de santé. Ce sont des gestes qui auraient sans doute touché Michel Louvain. Jamais l’équipe de billetterie n’avait vécu une telle expérience.

Beaucoup de témoignages donc et pour tous vous les raconter, il m’aurait fallu des pages et des pages de blogue! Alors en voici deux qui nous parlent du Michel Louvain authentique.

Gracieuseté de madame Carolle Morin

Parmi les nombreux témoignages, j’ai également choisi celui de notre responsable de billetterie, Dolorès et de sa sœur Lise, notre gérante de salle. Il y a quelques années, elles ont organisé une soirée pour leur mère Pauline alors âgée de 88 ans et grande fan de Michel Louvain. Elles avaient réussi à lui obtenir une place à la première rangée. Le grand jour arrive, Pauline s’est habillée en bleu pour l’occasion. Elle est aux anges quand elle s’assoit, accompagnée de sa fille Dolorès. Le spectacle débute, elle connaît toutes les chansons et les fredonne. Mais bientôt arrive La dame en bleu. Michel Louvain a repéré cette jolie petite dame habillée pour l’occasion. Il la regarde et lorsqu’il entonne « je suis amoureux… », Pauline, malgré son grand âge et sa discrétion, s’enhardit et crie « de Michel Louvain ». Le chanteur est désarçonné, sourit à pleines dents, rit même, tant il est touché par ce cri du cœur. Il termine la chanson en se concentrant sur Pauline, comme s’il ne chantait que pour elle.

Gracieuseté de la famille Richer Bogle

Après le spectacle, la petite dame en bleu n’était pas au bout de ses surprises. Dolorès accompagne sa maman vers la loge où Lise, son autre fille, gérante de la salle, a organisé une petite rencontre avec son idole. Il faut dire qu’il n’a pas été très difficile à convaincre lui qui, depuis toutes ces années en visite au TVT, appelait Dolorès et Lise « les filles ». Quand elles lui ont dit que leur maman de 88 ans venait le voir, il a tout de suite dit oui pour une rencontre en tête-à-tête. Et c’est ainsi que le modeste Michel Louvain, la grande star de la soirée, a reçu Pauline comme une princesse, la traitant comme une vedette. Dolorès me confiait qu’en repartant, sa maman était tellement sur un nuage qu’elle en frissonnait!

Je n’ai pas connu toute la carrière de Michel Louvain puisque je ne suis arrivée au Québec qu’en 1994, mais depuis 2007 que je travaille pour le TVT, j’ai eu l’occasion de lire et d’écrire sur le chanteur. Bien sûr, il y a eu le succès fulgurant des années 50 et 60, puis le creux de vague des années 70 et de nouveau le succès et la reconnaissance de ses pairs jusqu’à la fin de ses jours. En écoutant mes collègues en parler, je me suis rendu compte à quel point il a marqué le Québec. Quelques jours avant son départ, c’était comme si son public était au chevet d’un ami de longue date et à l’annonce de son décès, comme pour plusieurs grands artistes, on se rendait compte à quel point il avait touché nos vies et la vie culturelle québécoise. Car tout en restant modeste, l’homme avait semé le bonheur partout autour de lui. Toutes et tous lui vouaient finalement ce sentiment qu’il avait recherché toute sa vie et qu’il leur avait démontré : le respect.

Récemment, j’ai entendu cette phrase : « la perte d’un grand artiste est une perte pour toute la société. »
Je n’ai rien à ajouter.

Salut, monsieur Louvain!